Gustave COURBET, Le Désespéré, huile sur toile, 1843-1845.
Extrait :
En revanche, c’est un devoir de conserver sa vie, et de surcroît chacun à aussi pour cela une inclination immédiate. C'est cependant pour cela que ce soin souvent plein d’anxiété, que la plupart des hommes en prennent n’a pourtant aucune valeur intrinsèque, et que leur maxime n’a aucun caractère moral. Ils conservent leur vie certes conformément au devoir, mais non par devoir. En revanche, si des épreuves et un chagrin sans espoir ont totalement ôté à quelqu'un le goût de vivre ; si le malheureux, par force d'âme, plutôt irrité que découragé ou abattu par son destin, souhaite la mort et pourtant conserve sa vie mais sans l’aimer, non par inclination ou par crainte, mais par devoir : alors sa maxime a un caractère moral.
Emmanuel KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs, Première section (traduction originale Éric Le Coquil).
Questions :
1. En quoi le fait d'agir pour conserver sa vie recèle-t-il une ambiguïté morale ?
a) Quels sont les deux types de justification que l'on peut donner pour expliquer cette action ?
b) Pourquoi l'un de ces deux types a-t-il une valeur morale intrinsèque, alors que l'autre non ?
2. Dès lors, celui qui agit pour conserver sa vie agit-il par devoir ou conformément au devoir ? Peut-on véritablement le savoir ? Justifiez votre réponse.
3. Pourquoi est-on certain qu'une personne qui conserve sa vie bien qu'elle ait perdu le goût de vivre suite à de grands malheurs, agit ainsi par devoir et non conformément au devoir ?
Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/philosophie-terminale ou directement le fichier ZIP Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0